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La mort et le « fihavanana »

Les Malagasy ont des forts liens avec la mort. L’esprit des défunts rejoint les esprits des ancêtres qui accordent des bénédictions et des protections aux vivants selon la croyance ancestrale. A partir de ce point de vue, le « fihavanana » prédomine pendant la réalisation des rites funéraires et des préparatifs avant l’enterrement à Madagascar.

Le décès d’un proche pour les Malagasy

Les Malagasy sont reconnus pour le « fihavanana » ou la fraternité qui les accompagne toujours tant dans la joie que dans la tristesse. Ainsi, les membres près de la famille et les voisins ne s’attardent pas à accomplir le rite du « fitsapana alahelo » en cas de décès d’un proche. Ce rite affirme la volonté d’aider la famille du défunt jusqu’à l’enterrement de ce dernier. Dans la culture malagasy, le corps du défunt est gardé dans sa maison 2 ou 3 jours avant d’être enterré. Dans certaines régions de Madagascar, il est même gardé pendant des semaines ou des mois comme dans de la région d’Androy. La mort d’un proche est l’occasion pour la famille de se réunir et de renforcer le « fihavanana ». On met le corps du défunt dans une grande pièce de la maison. Là où on pourra accueillir de nombreuses personnes qui vont présenter leurs condoléances.

Le « famangiana » ou la présentation des condoléances

Après que toutes les installations sont terminées, toutes les familles, les amis et les connaissances viennent en groupe chez la famille du défunt pour présenter leurs condoléances.

Pendant le « famangiana », les « kabary » ou les discours entre la famille du défunt et les « mpamangy » (les personnes qui présentent leurs condoléances) s’enchaînent. Le « kabary » des « mpamangy » transmit des messages pour encourager et consoler la famille du défunt. Il marque la solidarité et le « fihavanana ». C’est l’homme ainé du groupe qui prend la parole pour faire ce « kabary » mais actuellement, les femmes peuvent aussi le faire. Durant ce « famagiana », les « mpamangy » offrent également le « fao-dranomaso » (une enveloppe contenant une somme d’argent). C’est un devoir social ou « adidy » que les vivants doivent effectuer pour contribuer aux charges liées aux funérailles. De plus, la famille du défunt ne demeure pas seule dans une telle situation. Quelques membres du groupe restent à ses côtés pour atténuer le silence.

Les veillées funèbres ou « fiandrasam-paty »

Pendant les 2 ou 3 jours où on garde le corps dans la maison avant de l’enterrer, la famille du défunt est soutenue de jour en nuit par les proches, les familles et les connaissances. Les soirées de « fiandrasam-paty » qui durent jusqu’au petit matin sont accompagnées par des chants religieux et profanes pour combler le silence. Des boissons chaudes (café et thé) et du pain sont servis pour les gens. Il y a aussi des personnes qui boivent de l’alcool.

Le jour de l’enterrement

Tôt le matin, quelques hommes de la famille partent pour ouvrir le tombeau familial. C’est le doyen ou la doyenne de la grande famille qui détient la clé du tombeau familial pour les Malagasy. D’autre part, le « famonosan-damba » ou le recouvrement du corps du défunt avec des linceuls en soie est exécuté par des hommes membres de la famille. Le linceul doit être fixé par 7 grosses ficelles de soie, le chiffre 7 étant un chiffre sacré. Le dernier nœud est fait par le plus jeune. En général, 3 offices religieux précèdent l’enterrement : premièrement, à la sortie du corps de la maison, deuxièmement à l’église et troisièmement, devant le tombeau familial. Après ces réalisations, le défunt est intégré dans le tombeau familial. Le tombeau familial malagasy peut contenir beaucoup de membres de la grande famille. Cela invoque également le « fihavanana », d’après le proverbe malagasy « velona iray trano, maty iray fasana » (ensemble dans la maison, ensemble dans le tombeau) qui détermine l’union des Malagasy dans la vie et dans la mort. Dans le foyer, et même dans le tombeau, ils sont toujours unis tous ensemble.

Le « fisasana » ou la grande lessive

Quelques jours après l’enterrement, la famille du défunt fait une grande lessive au bord d’une rivière ou un fleuve pour faire éloigner le mal, les impuretés et les maladies… Ce rite est transmis par les ancêtres et encore respecté par de nombreux Malagasy.