×

Le « famorana » ou la circoncision

La circoncision ou « didim-poitra » est une tradition qui se pratique partout à Madagascar sauf pour certains clans Antandroy. Elle est effectuée durant l’hiver et elle a plusieurs noms selon les ethnies : « Didim-poitra », « Famorana » ou encore « Hasoavan-jaza » pour les Merina, « Savatse » dans la région du Sud-Ouest et « Sambatra » dans la région du Sud-Est. Pour les Antambahoaka, la pratique du Sambatra se fait tous les 7 ans par contre la circoncision se passe tous les ans pour les autres régions de Madagascar.

Origine de la circoncision à Madagascar

D’après l’histoire, le Roi civilisateur du XVIe siècle nommé Andriamanelo est l’instigateur de la circoncision à Madagascar. C’est ce roi aussi qui a appris au peuple malagasy de consommer la viande de zébu et de forger le fer.

Avec le temps, ce rite antique s’est développé et il est devenu fête nationale par Andrianampoinimerina. Ce dernier établissait une circoncision septennale (tous les 7 ans) obligatoire dans son royaume. Cette circoncision se fait tous les 7 ans mais elle doit se dérouler sur une année qui commence par un vendredi. Donc, ce vendredi, considéré comme jour saint propice pour la circoncision, ne revient que tous les 7 ans. Cette tradition septénaire n’est plus pratiquée dans la région de l’Imerina depuis 1869 à cause de l’interdiction des cultes traditionnels instaurée par Ranavalona II qui introduisait le christianisme. Pourtant, cette coutume est toujours respectée par les Antambahoaka de Mananjary jusqu’à maintenant.

Importance de la circoncision à Madagascar

La circoncision qui est une cérémonie familiale de jubilation a une signification profonde symbolique pour les Malagasy. En effet, la circoncision consiste à l’ablation du prépuce du petit garçon afin qu’il puisse acquérir son statut d’homme et qu’il puisse être enterré dans le tombeau familial ou le « fasan-drazana ».

Déroulement de la circoncision à Madagascar

La circoncision du petit garçon doit se faire dans la période de lune montante, mais non pas pendant la pleine lune pour que son destin ou tonom-bintana soit meilleur, afin que la circoncision se déroule bien.

En général, la circoncision s’effectue dans la maison du garçon à circoncire, à l’aube avant 5h du matin. La veille de la circoncision, au crépuscule, un jeune homme ayant des parents encore vivants prendra l’eau sacrée ou « ranomahery » dans une source au pied d’une montagne. Cette eau servira à nettoyer les mains du guérisseur traditionnel ou « rain-jaza » qui circoncira le garçon et aussi pour nettoyer la plaie. Dans la maison, des tiges de canne à sucre sont placées pour souhaiter une vie sucrée, c’est-à-dire une vie heureuse au garçon. On met également des bananes pour lui souhaiter d’avoir des descendants mâles. Pendant toute la soirée, la famille fait la fête en mangeant, buvant, dansant et chantant.

Le jour-J, seuls les hommes assisteront à la cérémonie. Le « rain-jaza » enlèvera le prépuce avec un couteau ou bambou. Le sang versé sur le sol pendant l’opération est le symbole de l’unification du petit garçon avec la terre de ses ancêtres. Selon les tribus, c’est le grand-père ou l’oncle maternel (zaman-jaza) qui avalera le prépuce avec une banane. Une fois la circoncision est effectuée, l’enfant est accueilli par tout le monde avec joie et il recevra de nombreux cadeaux.

A Madagascar, la circoncision traditionnelle malagasy est toujours conservée aujourd’hui. Toutefois, certains parents choisissent de pratiquer de la circoncision américaine ou la cautérisation pour des raisons d’hygiène.