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Andrarakasina : la colline sacrée perdue de l’Imerina

Andrarakasina est une colline à l’Est d’Antananarivo, à une vingtaine de kilomètres d’Ambatomanga. Depuis toujours, elle a été considérée comme une colline sacrée, haut lieu des Menalamba. Son ancien nom Mandrarakasina « mandraraka hasina » signifie « partager les vertus ».

Les Vazimba, premiers habitants d’Andrarakasina

Selon les traditions orales, le premier habitant d’Andrarakasina aurait été Andriantanety, un vazimba descendant d’Andrianambonivato. Historiquement, Andriantanety viendrait de Lohalambo, une ville du côté de Tsiafahy, au Sud d’Antananarivo. Ce sont les descendants d’Andriantanety, qui ont été appelés plus tard les Zanakabonivato. Le tombeau d’Andriantanety se trouverait au sommet de la colline d’Andrarakasina d’après les historiens.

Andrarakasina durant la règne d’Andrianampoinimerina

Au temps d’Andrianampoinimerina et sa campagne de réunification et de pacification, l’armée de ce dernier a conquis la colline d’Andrarakasina sans heurts par rapport aux autres villes de l’Imerina. Les manifestations des habitants d’Andrakasina ne résistaient pas aux attaques d’Andrianampoinimerina.

Une fois tout l’Imerina conquis et réunifié, Andrarakasina faisait partie du « Vakin’ny Sisaony », un des « merina 6 toko » (les 6 régions de l’Imerina). Ces 6 circonscriptions étant : Avaradrano, Vakin’nySisaony, Marovantana, Vonizongo, Vakinankaratra et Ambodirano.

Une colline des plus sacrées

La colline d’Andrarakasina a été considérée comme une colline des plus sacrées (« masina dia masina indrindra ») selon les recueils historiques. L’origine de cette distinction supérieure réside sur 2 faits complémentaires.

Lieu de refuge pour les adeptes des cultes ancestraux

En 1869, la Reine malagasy Ranavalona II introduisait le christianisme et a donné l’ordre de détruire les idoles royales (« sampin’andriana »), sans pour autant interdire la pratique du culte ancestral malagasy. Si la plupart du peuple malagasy suivait la reine dans sa nouvelle religion, les habitants d’Andrarakasina maintenaient leur pratique. De ce fait, cette colline sacrée est devenue le refuge pour ceux qui suivaient encore la tradition. N’oublions pas  que l’idole royale (« sampin’andriana ») « Ramahavaly » a été conservée à Andrarakasina avant d’être transférée à Ambohitany.

La forêt sacrée de la colline d’Andrarakasina

Andrarakasina, possède également une forêt sacrée. Comme dans la colline d’Ambohimanga, la coupe et la cueillette y sont strictement interdites. En effet, les plantes sur cette colline possèderaient des vertus pour guérir des maladies ou faire des sortilèges.Il faut savoir que pendant la royauté, le peuple célébrait des sacrifices à Andrarakasina à chaque mois d’Alakaosy, Andrarakasinaest alors devenue un lieu de pèlerinage.

Aujourd’hui, ledoanyd’Andriatsihoarana et de Raketamanga et leur source sacrée qui se trouvent au sommet de la colline sont des fameux lieux de cultespour nombreux Malagasy adepte des cultes aux ancêtres et aux esprits.  Ils y viennent pour demander de la bénédiction.

Les « Menalamba » d’Andrarakasina

De point de vue stratégique, les Menalamba se sont installés à Andrarakasina dans le cadre de la lutte pour l’indépendance. La colline est située en effet à proximité de la route nationale reliant Antananarivo et Toamasina. Elle est même devenue le siège de ce mouvement populaire pour la circonscription du « Vakin’nySisaony ».Selon l’histoire, Andrarakasina abritait des milliers de « Menalamba » et formaient une communauté indépendante, organisée en hiérarchie.

La France a renforcé ces armées et ont recours à des renforts militaires composé de tirailleurs algériens et sénégalais face aux menaces des Menalamba pour conquérir la colline sacrée d’Andrakasina.Malgrè les moyens mis en œuvre, la prise d’Andrarakasina n’a pas été facile pour les Français. Il a fallu près de 1 mois aux colons pour vaincre les « Menalamba ».